C’est
par un bel après-midi d'automne que ma visite au studio
de la radio eut lieu. j'allai pouvoir, enfin, voir comment
se déroulait une émission, après l'avoir tant imaginé
dans ma tête. La question que je m’étais toujours posée,
c’était de savoir ce que faisait l'animateur pendant
que le disque passait à l’antenne.
Après
25 kilomètres de routes de campagne, l’arrivée à
“L’Écureuil” fut très chaleureuse avec la présentation
de l’équipe. Surtout il me fut donné de voir Yves
s’affairer devant sa « console »
et ses disques. Il avait tout réuni pour que je passe un
bon moment avec mes chansons préférées. Les trois
heures s’écoulèrent comme dans un rêve et mon ami me
promit que cette expérience se renouvellerait souvent.
Avec
les premiers froids, il devint de plus en plus difficile
à Yves de faire les trajets pour se rendre au studio sans
moyens de locomotion adaptés. Alors il décida, le 14
novembre, de quitter cette radio de la plaine. Quand il
vint me l’annoncer, il était souriant et il me dit:
“Ce
n'aura été qu'une expérience de plus, chaque changement
a son côté positif et son côté négatif, c’est comme
ça qu’on s’enrichit et que l’on évite de refaire
les mêmes erreurs!” Pendant ce temps, il s’était
approché de mon transistor et, faisant naviguer
l’aiguille des stations, il me dit:
“Demain,
8 heures, sois à l’écoute et tu auras une surprise. Je
ne te dis rien de plus, je reviendrai à midi pour te
donner plus de détails, je me rapproche de toi et des
anciens auditeurs de R .C. V.
A
l’heure dite, le lendemain, c’est avec émotion que
j’entendis :
“Vous
écoutez Radio-Lotus sur le point 1O2 de la F M, c’est
Yves Roger qui sera votre compagnon jusqu’à midi et
Claude François qui va m’aider à vous dire:
”Quand
le matin...” Les quatre heures passèrent à la vitesse
grand “V” et pour terminer, il conclut :
“Pour
ceux et celles à qui la date du 15 novembre rappelle
quelque chose, voici :”Le lundi au soleil....”Merci à
vous toutes et à vous tous, bon après-midi et à demain,
même heure !”
A
12 heures 3O mn, j’ouvris ma porte sur Yves content de
sa première émission, en direct de Saint-Germain.
En cinq minutes, je sus tout sur Radio-Lotus :
La
disposition du studio avec dessins à l’appui,
l’ambiance avec les membres de l’équipe et bien sûr,
il eut le plaisir de se réentendre puisque j’avais
enregistré toute la matinée. Il en fut de même tous les
autres jours, jusqu’au 18 décembre, jour où je
participai à un jeu organisé par la station. Yves était
absent, mais il m’avait promis que si je gagnais la
place pour assister au spectacle de son ami chanteur, il
m’accompagnerait et qui sait?....peut-être cela me
permettrait de porter une jolie robe!
Après
plusieurs appels téléphoniques à son domicile, sans réponse,
je me rendis seule à la salle des spectacles. La neige
tombait en flocons serrés, j’avais froid dans mon corps
et dans mon cœur. Assise dans le fauteuil de velours
rouge, je regardais arriver les gens, ils étaient tous
accompagnés. Ils riaient, ils avaient l’air heureux.
Comme j’aurai voulu avoir mon ami à côté de moi pour
commenter tous ce que je découvrais dans le monde féerique
du théâtre!Quand la lumière s’éteint, personne ne
vit les larmes qui coulaient sur mes joues. Malgré la
beauté de la comédie musicale qui nous transportait dans
la galaxie du futur, en période de Noël, j’avais le cœur
bien triste de ne pas pouvoir partager ce moment
exceptionnel avec lui. A l’entracte, j’eus le plaisir
de voir Alain Faccio qui me reconnu grâce à la
description que Yves lui avait faite de moi. Il était là,
en face de moi, dans son habit argenté, presque irréel.
Il comprit mon émotion quand il réalisa que son ami Yves
n’avait pas pu m’accompagner. Avec une douceur extrême,
il prit le temps de me parler, de me dire que je serai une
des premières à recevoir son prochain 45 tours dont le
titre fétiche était:
”Copain,
copain”. Il me présenta à son frère: Jean-Luc, qui
faisait des animations dans différentes salles de
spectacles. Il me promit de me faire part de ses futurs
projets. On scella ce moment magique par le verre de
l’amitié avec sa troupe et surtout, Liliane, la
charmante présidente de son fan-club. Jamais une
orangeade avait été aussi douce à mon palais. Ce petit
intermède me permit d’oublier pour un instant...
L’absent!
Il
me fallut huit jours d’attente pour savoir le motif de
cette absence. Se sentant très malade, son papa l’avait
fait appeler pour un dernier entretien avec son fils.
Yves
demanda de passer la nuit près de lui, jamais ils ne s’étaient
sentis aussi proche l’un de l’autre. Ce papa fatigué,
usé par la maladie n’avait plus que ses yeux pour
communiquer avec son fils. Mais dans ces cas-là, on se
comprend autant qu’avec des paroles!Hélas, au petit
matin, la mort fut la plus forte. Yves dit “Adieu” à
son père par un froid jour d’hiver. Cette séparation
lui fut d’autant plus pénible que notre ami eut
l’impression que ce père réalisait, un peu trop tard,
que tout ce temps perdu loin de son fils, ne pouvait plus
se rattraper! Pour Yves, c’était une nouvelle plaie qui
s’ouvrait, dont la cicatrice aura bien du mal à
s’effacer! Une de plus!
Pour
nous deux, un autre point commun s’ajoutait aux autres :
Nos
deux papas reposaient, désormais dans le même village,
dans le même cimetière: face à face!
Et
dire que nous n’aurions pu jamais nous... connaître.
L’année
1982 se terminait bien tristement pour notre animateur,
mais il voulut assurer la transition et rester toute la
nuit avec les auditeurs du 1O2. Il n’avait personne qui
l’attendait chez lui. C’est vrai que malgré cette
amitié naissante entre nous, jamais je ne m’étais
permis de lui demander ce qu’il faisait une fois qu’il
avait passé la porte de mon appartement. Un jour, il me
posa une question étrange :
“On
est bien ensemble, on est d’accord sur tout ce qui
concerne le monde de la radio; mais si un jour, pour une
raison idiote, on se fâchait, qu’arriverait-il à nous
deux? Hésiterais-tu entre:
Continuer
à m’écouter ou fermerais-tu ton transistor? ”
Mon
premier étonnement passé, le plus sérieusement du
monde, je lui répondis :
“Si
cela devait arriver, mon ami, oh, oui que je t’écouterais.
Tu deviendrais le plus minable des animateurs. Tu serais
incapable de prononcer deux mots sans bégayer pour
annoncer une chanson, surtout parmi celles que nous aimons
tous les deux ! De plus, moi, je serais bien déçue
d’avoir donné mon amitié à une “voix”!
Il
me regarda, me tapota la main et me dit :
“Alors,
c’est à souhaiter que cela n’arrive jamais”!
On
reprit vite les stylos pour finir de préparer le
programme du lendemain. Il me dit avec son sourire qui
n’appartient qu’à lui :
“Demain,
rien que pour toi, la dernière chanson de mon programme
sera: ”Ne me quitte pas!”
Il
partit en me laissant un peu nostalgique. Les jours qui
suivirent, je sentis comme une lassitude dans le
comportement de mon ami: il n’avait plus le même
entrain, sa voix était lasse. C’est à ce moment que je
compris qu’il y avait bien deux Yves :
ROGER
et RONGIER.
Assis
en face de moi, un jour, il me demanda :
“Si
tu avais une radio à toi, comment l’appellerais-tu ?
Sans
hésiter, je lui répondis :
“Radio-Plus...
Plus + comme plus+ de musique, plus+ de poésie et
“un” Yves sur l’antenne 24h sur 24 !”
Il
sourit en me disant :
“Prépare-moi
un programme sur une semaine, avec un changement de style
toutes les deux heures... à peu près!” Il ne me fallut
pas longtemps pour remplir la grille de programme, à la
plus grande joie de mon complice. Tout fut réuni pour que
notre projet voie le jour. On devait le remettre le 11mars
1983. Hélas, notre rêve prit fin, car on nous refusa
l’accès à un point de la FM pour cause de saturation!
Yves continua sur Radio-Lotus; en plus, il organisait des
galas avec des chanteurs régionaux ce qui me permettait
de l’accompagner avec ma petite famille dans les soirées
dansantes. C’est de cette façon que j’eus le plaisir,
toutes les fois qu’il était invité d’entendre et de
revoir Benoît Sanson. Il était devenu la
“coqueluche” de la F.M. avec son “tube:”
La
bagnole” et son côté romantique avec “Pourquoi?”
J’étais fière de lui car j’avais déjà eut le
plaisir de lui parler par l’intermédiaire d’une radio
locale et comprenant mon attirance pour la chanson,
spontanément, il s’était proposé de m’apporter
lui-même son disque, à mon domicile. J’en avais été
étonné, mais il m’avait avoué qu’il était de St
Germain et qu’il se promenait dans les rues... Comme
tout le monde. Sa première visite fut beaucoup d’émotions
pour tous les deux :
Pour
lui, car il ne pensait pas que lorsque il chantait, des
personnes comme moi, l’écoutaient avec tant de
ferveurs. Pour moi, car naïvement, j’étais aussi
heureuse de le recevoir que si s’avait été Michel
Sardou ou Hervé Vilard. Avec sa gentillesse il ne tarda
pas à venir s’ajouter à notre duo d’amis! Là, j’étais
comblée, car je pus assister à plusieurs galas où c’était
Yves l’animateur qui présentait Benoît, le chanteur!
Mon mari immortalisait ses moments en prenant des photos
qui étaient ma fierté. Je faisais partager mon bonheur
à toutes mes connaissances. Je m’aperçus trop tard, hélas,
que parmi elles, il y avait des rivales. Je pense, en
particulier, à Louise à qui j’avais donné toute ma
sympathie, avait laquelle je partageais ma passion pour la
radio.
En
faite, elle ne cherchait qu’à séduire mes deux amis.
Elle les attira chez elle car elle pouvait, sans
scrupules, les manipuler comme des marionnettes. Il est sûr
qu’il y avait des compléments d’affection qu’ils ne
trouvaient pas chez moi. Du jour au lendemain, je vis s’éloigner
mes deux idoles, allant chercher ailleurs... autre chose!
Mon
beau rêve était en train de fondre comme neige au
soleil. Pourquoi?
LA
FILLE DE L’OMBRE.
Vous ne
l’a verrez jamais
Personne
ne l’a connaît
Depuis la
nuit des temps elle écoute
Une voix
qui guide sa route.
Entre
cette fille et la voix, un micro
Qu’elle
soit chez elle ou dans le métro.
Elle
attend son “Bonjour”,
Elle
enregistre sa voix
Elle écoutera
son “au revoir”.
Demain,
c’est encore l’espoir.
Il lui a
dit “Je t’aime”
Grâce à
Claude François.
Il sait
que son nom commence par un “M”,
Elle lui
a écrit plusieurs fois.
Elle vit
à travers ses chansons
De
l’amour à la déraison
Elle rêve...
Ne l’a dérangez pas!
Ne l’a
dérangez pas ...elle n’est pas là !