Chapitre 4


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LE JOUET EXTRAORDINAIRE

 

                    Un  jour  que  le  transistor  diffusait  une  douce  musique  dans  l’atelier  de  son patron, Yves crut  reconnaître  la voix qui annonçait le programme. 
Il  se  renseigna  et sut  que la station émettait de la colline, en haut de la  ville.
 Il  profita de son  jour  de  repos pour se rendre au  studio  de  la  radio. 
En  franchissant le seuil de la porte, il  reconnut un copain de lycée. La reprise de contact fut  très  amicale; Les retrouvailles, au cours d’une conversation à  “bâtons  rompus” 
s’ avérèrent chaleureuses. En  discutant, ils arpentaient  les  couloirs  jusqu’à  la salle 
 
d’ enregistrement. Devant  la  porte, les yeux  de  Yves  se  mirent  à  briller: 
il  réalisait  son rêve, en  face  de  tout  ce  matériel  qu’il avait  tant  imaginé  et  qui  se trouvait à sa portée. Le  voyant aussi  ravi, Serge  dit  à  son  copain, en  lui  tapant  sur  l’épaule :

“J’ai  une plage  horaire  disponible le  matin; si  tu  veux  venir  faire  un  essai  demain, les “manettes” sont à toi !” Etonné, Yves tendit  sa  main  à  son  interlocuteur, en lui  disant :

“Tope-là, mon  ami, tu ne seras pas déçu; à demain, 7 heures .” Sur  le  chemin  qui  le  ramenait  chez  lui, Yves  avait des ailes. Il ne voyait  pas  les  passants  de  la  même façon. Il  avait  envie  de  dire  “bonsoir”  à  tout  le  monde. 
Arrivé  dans  son  appartement, tout  en  grignotant  un  morceau  de  pain, il se  mit  devant  sa  chaîne stéréo, prit un disque et l’annonça à voix haute ,dans les mêmes conditions  que le « direct ». Pour  notre  futur  animateur,  la nuit  fut  très  agitée:  
il se voyait  mélangeant  les  pochettes de disques et se trompant  pour  les  présenter.
 Bien  avant  que  le  réveil  ne sonne,  notre  ami  était pomponné, les cheveux bien coiffés  et  les vêtements  tirés  à  quatre  épingles. Il  prit sa mallette remplie de documentation sur les chanteuses et chanteurs en vogue, vérifia une  dernière  fois sa tenue vestimentaire  et d’un  pas  léger  se  dirigea  vers  l'extérieur.

Le  chemin  qui  menait  au  studio lui  parut  interminable. A l’entrée, Serge  l’attendait  pour  le présenter à toute l’équipe, un  verre  de  jus de fruit à  la  main; Il  prit  la  parole :

“Je suis heureux  de  vous  présenter  celui  qui  va  avoir  la  lourde  tâche  de  distraire  les  ménagères; souhaitons-lui  bonne  chance....Voici  Yves  ROGER. La  pendule  lumineuse  affichait  7  heures 30 mn. On était  le  jeudi  11 Mars. Tout  haut, Yves put  s’entendre  dire :

“Déjà  quatre  ans  que  Claude  FRANCOIS  nous  a  quittée” ! Son  introduction  était  toute  trouvée, sa  première  chanson  en  serait  une  de  CLO-CLO. Assis  sur  sa  chaise  munie de roulettes, Yves  atteignit  facilement le casier des” F,”  il  hésita  devant la quantité de  disques et  il se décida  pour :

“ Immortelles...sont les filles”.

Il était 8 heures, quand on put entendre sur  les ondes d’ R.C.V :

“Bonjour,  chères  auditrices  et  chers  auditeurs  du  point  103  de  la  FM; Yves est ici  pour  vous aider à passer une  bonne  matinée en compagnie  de  vos  chanteuses  et  chanteurs  préférés...A vos  souvenirs.”  Et à ce moment la chanson démarra! Le  silence  régnait  dans  la  pièce    quelques  animateurs  étaient  venus  encourager  le  “nouveau”. Quand  la musique  s’arrêta,  on  put  entendre la voix d’Yves :

“Là    tu  es,  Claude,  sois  sûr  que  tu  resteras,  toi  aussi,  immortel  dans  nos  cœurs !”

A ce  moment-là, on  put  lire l'émotion sur le visage des  copains du studio.

Près de son transistor, chez elle, une femme pleurait parce  qu’elle  pensait la même  chose que ce qu’elle venait d’entendre.

Elle enregistra ces paroles pour les  garder...toujours. 


MAUD.