LE
JOUET EXTRAORDINAIRE
Un
jour que
le transistor
diffusait une
douce musique
dans l’atelier
de son
patron, Yves crut reconnaître
la voix qui annonçait le programme.
Il se
renseigna et
sut que la
station émettait de la colline, en haut de la
ville.
Il profita
de son jour
de repos
pour se rendre au studio
de la
radio.
En franchissant
le seuil de la porte, il
reconnut un copain de lycée. La reprise de contact
fut très
amicale; Les retrouvailles, au cours d’une
conversation à “bâtons
rompus”
s’ avérèrent chaleureuses. En
discutant, ils arpentaient
les couloirs
jusqu’à la
salle
d’ enregistrement. Devant
la porte,
les yeux de
Yves se
mirent à
briller:
il réalisait
son rêve, en
face de
tout ce
matériel qu’il
avait tant
imaginé et
qui se
trouvait à sa portée. Le
voyant aussi ravi,
Serge dit
à son
copain, en lui
tapant sur
l’épaule :
“J’ai
une plage horaire
disponible le
matin; si tu
veux venir
faire un
essai demain,
les “manettes” sont à toi !” Etonné, Yves tendit
sa main
à son
interlocuteur, en lui
disant :
“Tope-là,
mon ami, tu
ne seras pas déçu; à demain, 7 heures .” Sur
le chemin
qui le
ramenait chez
lui, Yves avait
des ailes. Il ne voyait
pas les
passants de
la même
façon. Il avait
envie de
dire “bonsoir”
à tout
le monde.
Arrivé dans
son appartement,
tout en
grignotant un
morceau de
pain, il se mit
devant sa
chaîne stéréo, prit un disque et l’annonça à
voix haute ,dans les mêmes conditions
que le « direct ». Pour
notre futur
animateur, la
nuit fut
très agitée:
il se voyait mélangeant
les pochettes
de disques et se trompant
pour les
présenter.
Bien avant
que le
réveil ne
sonne, notre
ami était
pomponné, les cheveux bien coiffés
et les
vêtements tirés
à quatre
épingles. Il
prit sa mallette remplie de documentation sur les
chanteuses et chanteurs en vogue, vérifia une
dernière fois
sa tenue vestimentaire et
d’un pas
léger se
dirigea vers
l'extérieur.
Le
chemin qui
menait au
studio lui parut
interminable. A l’entrée, Serge
l’attendait
pour le
présenter à toute l’équipe, un
verre de
jus de fruit à
la main;
Il prit
la parole
:
“Je
suis heureux de
vous présenter
celui qui
va avoir
la lourde
tâche de
distraire les
ménagères; souhaitons-lui
bonne chance....Voici
Yves ROGER.
La pendule
lumineuse affichait
7 heures
30 mn. On était le
jeudi 11
Mars. Tout haut,
Yves put s’entendre
dire :
“Déjà
quatre ans
que Claude
FRANCOIS nous
a quittée”
! Son introduction
était toute
trouvée, sa première
chanson en
serait une
de CLO-CLO.
Assis sur
sa chaise
munie de roulettes, Yves
atteignit facilement
le casier des” F,”
il hésita
devant la quantité de
disques et il
se décida pour
:
“
Immortelles...sont les filles”.
Il
était 8 heures, quand on put entendre sur
les ondes d’ R.C.V :
“Bonjour,
chères auditrices
et chers
auditeurs du
point 103
de la
FM; Yves est ici
pour vous
aider à passer une bonne
matinée en compagnie
de vos
chanteuses et
chanteurs préférés...A
vos souvenirs.”
Et à ce moment la chanson démarra! Le
silence régnait
dans la
pièce où
quelques animateurs
étaient venus
encourager le
“nouveau”. Quand
la musique s’arrêta,
on put
entendre la voix d’Yves :
“Là
où tu
es, Claude,
sois sûr
que tu
resteras, toi
aussi, immortel
dans nos
cœurs !”
A
ce moment-là,
on put
lire l'émotion sur le visage des
copains du studio.
Près
de son transistor, chez elle, une femme pleurait parce
qu’elle pensait
la même chose
que ce qu’elle venait d’entendre.
Elle
enregistra ces paroles pour les
garder...toujours.
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