Chapitre 3


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DIX SEPT ANS  

 

                       C’est  l’âge  que  notre  ami  avait  le  jour     il   reçut  son diplôme de cordonnier.
 En effet,  malgré ses souffrances physiques et morales, 
il  fit ses études de  la  communale  au  lycée  professionnel ; ce diplôme  était  sa  fierté. 
C’est  l’âge, aussi, où il  prit  son  indépendance en aménageant  un  petit  studio avec deux  ou  trois  meubles. Il pensait que ce départ permettrait  à  sa  vieille  grand-mère de souffler. Tout  ça  ne  l’empêchait  pas  de  penser  à  sa  grande passion: la  radio. 
Il aurait voulu devenir animateur. Mais il se rendait  à l’évidence que  pour  gagner  sa  vie,
 il  fallait exercer un  travail  rémunéré. Grâce à ses efforts, il  trouva  vite  une  place  de  cordonnier  chez  un  patron  avec  qui  il  avait  une  complicité comme  on peut  en trouver  entre  père et fils.
Il  était  content  de  retrouver  son  studio, le soir la musique prenait  la  priorité sur ses autres loisirs. Pour  lui, pour son  plaisir, il  s’était  “ fabriqué “ son  univers  de  rêve  avec: platine, disques  et  tout  le  matériel  hi - fi.  C’est dans cette  environnement  que  notre  ami  savourait   pleinement  sa  passion.
 Il  s’imaginait  sur  un  podium  éclairé  de  mille  projecteurs  annonçant  de  sa  voix  suave  la  vedette   qui  serait  la  star  de  la  soirée.  Mais  tout  ça  n’était  qu’un rêve. 
Dans  sa  boutique, il  restait  le  jeune  homme  aimable  à  qui  on confie en même temps 
que ses  chaussures  les potins  du quartier. Le  jour  de  sa  première  paye, il  décida  d’aller  partager  sa  joie  avec  sa  grand - mère. Elle était fatiguée, mais elle lui sourit et lui  proposa  de se rendre chez  ses  parents qui pourraient, eux aussi, partager sa joies et être témoins de sa fierté. Quand  il  arriva  au  “ Cercle “  il  aperçut  sa  mère, un  verre  à  la  main, accompagnant ses clients. Il  eut  un  mouvement  de recul, de  dégoût. Il  s’avança  lentement  et  avec  un  timide sourire, il  dit : “ Bonjour  maman. “ 

Pauline, surprise, le  regarda  sévèrement  et  lui  dit:  
J’espère  que  tu  ne  resteras  pas  à  souper, j’ai  trop  à  faire  ici!

“ Non, répondit  le  jeune  homme  je  venais  te  montrer  ma  première  paye.“ Pour  toute  réponse, il  entendit : “ Je  sais  ce  que  c’est  qu’un  bout  de  papier; ne  dérange  pas  ton  père  pour  ça! “

Yves repartit  silencieux  et  déçu, comme  à  chaque  départ  de  chez  ses  parents. 
En  refermant  la  porte, il  entendit  sa  mère  dire  à  un  client :

“ S’il croit  qu’il  va  s’enrichir  en  ressemelant  des  chaussures, il  se  trompe  lourdement. Qu’il  ne  compte  sur  nous  pour  l’aider ! “             

Arrivé chez lui, le moral était au plus bas. 
Il tourna en rond, se demandant si
un jour il serait Comprit :

Comme il le faisait souvent pour se calmer, il prit une feuille de papier et écrit ceci:

 

RENCONTRE.

Attente d’une rencontre livrée au hasard

Tes effleurements ne sont que trop rares,

Seul l’espoir d’un attouchement plus cruel

Me permet de supporter le matériel réel!

Allégorie de la mort, les autres ont peur de toi,

Ton visage squelettique, je le caresserai d’amour

La faux que tu portes, j’en baiserai la lame

Et avec soulagement, je t’offrirai mon âme.

Sournoisement, à un croisement de rue,

Tu m’attends peut-être

Irrémédiablement et sans retour, je te livrerai mon être,

Je te demande simplement de m’épargner maintes Souffrances

Qui auraient alors le malin pouvoir de me redonner conscience.

Frappe fort, toi qui est la mort, je te la demande

Egoïste, je ne le suis pas assez pour me faire cette offrande;

Quelques personnes on pour moi une amitié profonde

Qui m’empêche de m’extraire de cette vie... Immonde!

 

Ce poème montre la souffrance de ce jeune homme
 malgré toutes les ressources qu’il a en lui.

Comment s’appelle la personne qui va le comprendre et l’aider?


MAUD.