DIX
SEPT ANS
C’est
l’âge que
notre ami
avait le
jour où
il reçut
son diplôme de cordonnier.
En effet,
malgré ses souffrances physiques et morales,
il
fit ses études de
la communale
au lycée
professionnel ; ce diplôme
était sa
fierté.
C’est
l’âge, aussi, où il
prit son
indépendance en aménageant
un petit
studio avec deux
ou trois
meubles. Il pensait que ce départ permettrait
à sa
vieille grand-mère
de souffler. Tout ça
ne l’empêchait
pas de
penser à
sa grande
passion: la radio.
Il aurait voulu devenir animateur. Mais il se rendait
à l’évidence que
pour gagner
sa vie,
il fallait
exercer un travail
rémunéré. Grâce à ses efforts, il
trouva vite
une place
de cordonnier
chez un
patron avec
qui il
avait une
complicité comme
on peut en
trouver entre
père et fils.
Il
était content
de retrouver
son studio,
le soir la musique prenait
la priorité
sur ses autres loisirs. Pour
lui, pour son
plaisir, il s’était
“ fabriqué “ son
univers de
rêve avec: platine,
disques et
tout le
matériel hi
- fi. C’est dans cette
environnement
que notre
ami savourait
pleinement sa
passion.
Il s’imaginait
sur un
podium éclairé
de mille
projecteurs annonçant
de sa
voix suave
la vedette
qui serait
la star
de la
soirée. Mais
tout ça
n’était qu’un
rêve.
Dans sa
boutique, il restait
le jeune
homme aimable
à qui
on confie en même temps
que ses
chaussures les
potins du
quartier. Le jour
de sa
première paye,
il décida
d’aller partager
sa joie
avec sa
grand - mère. Elle était fatiguée, mais
elle lui sourit et lui proposa
de se rendre chez
ses parents
qui pourraient, eux aussi, partager sa joies et être
témoins de sa fierté. Quand
il arriva
au “
Cercle “ il
aperçut sa
mère, un verre
à la
main, accompagnant ses clients. Il
eut un
mouvement de
recul, de dégoût.
Il s’avança
lentement et
avec un
timide sourire, il
dit : “ Bonjour
maman. “
Pauline,
surprise, le regarda
sévèrement et
lui dit:
J’espère
que tu
ne resteras
pas à
souper, j’ai
trop à
faire ici!
“
Non, répondit le
jeune homme
je venais
te montrer
ma première
paye.“
Pour
toute réponse,
il entendit :
“ Je sais
ce que
c’est qu’un
bout de
papier; ne dérange
pas ton
père pour
ça! “
Yves
repartit silencieux
et déçu,
comme à
chaque départ
de chez
ses parents.
En refermant
la porte,
il entendit
sa mère
dire à
un client
:
“
S’il croit qu’il
va s’enrichir
en ressemelant
des chaussures,
il se
trompe lourdement. Qu’il ne
compte sur
nous pour
l’aider ! “
Arrivé
chez
lui, le moral était au plus bas.
Il tourna en rond, se demandant si un
jour il serait Comprit :
Comme
il le faisait souvent pour se calmer, il prit une feuille
de papier et écrit ceci:
RENCONTRE.
Attente
d’une rencontre livrée au hasard
Tes
effleurements ne sont que trop rares,
Seul
l’espoir d’un attouchement plus cruel
Me
permet de supporter le matériel réel!
Allégorie
de la mort, les autres ont peur de toi,
Ton
visage squelettique, je le caresserai d’amour
La
faux que tu portes, j’en baiserai la lame
Et
avec soulagement, je t’offrirai mon âme.
Sournoisement,
à un croisement de rue,
Tu
m’attends peut-être
Irrémédiablement
et sans retour, je te livrerai mon être,
Je
te demande simplement de m’épargner maintes Souffrances
Qui
auraient alors le malin pouvoir de me redonner conscience.
Frappe
fort, toi qui est la mort, je te la demande
Egoïste,
je ne le suis pas assez pour me faire cette offrande;
Quelques
personnes on pour moi une amitié profonde
Qui
m’empêche de m’extraire de cette vie...
Immonde!
Ce
poème montre la souffrance de ce jeune homme
malgré
toutes les ressources qu’il a en lui.
Comment
s’appelle la personne qui va le comprendre et l’aider?
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