Chapitre 14


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CE N’EST QU’UN AU REVOIR.     

  

                                  Les préparatifs de Noël étaient bien d’actualité, le jour où je reçus un appel d’Yves. Il me signalait que sa mère était hospitalisée et me demandait de faire le nécessaire auprès d’une fleuriste pour lui faire parvenir un bouquet. Son emploi du temps ne lui  permettait  pas de se rendre à son chevet. C’est elle-même qui avait éprouvé le désir de le faire prévenir sur son état de santé. Tout de suite, je me rendis chez le fleuriste et  en suivant les consignes de mon ami, j’accompagnai le bouquet d’une petite carte, lui souhaitant de trouver dans ce présent le réconfort nécessaire pour supporter ses souffrances. La semaine d’après, la maladie s’étant aggravée la présence du fils était souhaitée par les frères et sœur.

 Yves quitta donc sa boutique, laissant Tony tout seul au moment des fêtes, période la plus importante de leurs saisons commerciales.

 C’est à la maison qu’Yves prit pension pendant son court séjour, au grand désespoir de sa  sœur qui se sentait une nouvelle fois rejetée. Les minutes qu’il restait au chevet de sa mère étaient suffisantes pour entendre ce qu’elle  pensait de lui. Pauline, bien affaiblie, gardait  cependant cette agressivité que  son fils  lui connaissait. Son regard restait toujours aussi froid. Yves attendait de sa part un semblant de confession pour toutes ses années loin de lui, mais ce qu’elle laissa entendre ne méritait pas un pardon. De leur côté, les frangins voyaient en Yves, le frère qui a réussi et qui pourrait bien faire un geste pour le confort de leur compte en banque. Il était vraiment trop tard pour que s’améliorent les relations fraternelles. Ses meilleurs moments, Yves les passa avec moi, pouvant se replonger alors dans cette ambiance qui n’appartenait qu’à nous! Il me dit combien sa nouvelle vie  était enrichissante en compagnie de Tony. Il s’étonnait lui-même dans sa fonction commerciale au sein de la boutique de confiseries.

La santé de sa mère restant stationnaire, il reprit le train pour Paris où l’attendait son ami, submergé  par les commandes de fin d’année. En partant, il me dit:

“Merci pour tout, encore une fois. C’est sur toi que je peux compter. Je laisse maman avec sa conscience et sa souffrance.  A la grâce de DIEU! Je te promets de te donner des nouvelles, ne te fais pas de soucis pour moi. S’il faut affronter la  blessure d’une nouvelle “épine”, j’ai appris, à force d’expériences, le moyen de cicatriser!”

 A la fin de l’année, la vie sur terre se termina pour Pauline. Selon sa volonté, son corps fut incinéré, comme si elle avait souhaité tout supprimer de son passage sur terre. Le faire-part de la crémation ne parut que le lendemain dans le journal. Au moment où je lisais l’avis de décès, le  téléphone retentit. Yves, était au bout du fil. Il me  dit :

“Tony et moi ne pouvions nous accorder qu’un aller-retour en T G V, pour accompagner maman.

J’estime avoir fait mon devoir de fils jusqu’au bout! Pardon, de ne pas être passé chez toi, tu comprendras

qu’avec les fêtes, c’est notre plus gros moment. Plus que jamais ton soutien m’est précieux ainsi que celui de ta famille. Je te promets une visite en février. Tony qui vous apprécie beaucoup m’accompagnera. Je t’embrasse, à bientôt.”

Il fallut  attendre cette période pour avoir les détails qui  suivirent l’enterrement de Pauline. Comme il  le pressentait ses frères et la sœur lui firent comprendre qu’il devrait s’intéresser davantage aux problèmes de sa propre famille. Il répondit que désormais, il ne voulait plus entendre parler ni des dettes ni d’héritage que cette mort venait d’occasionner! Il demandait simplement qu’on l’ignore et qu’on lui laisse vivre sa vie en paix. Il voulait rayer Saint-Germain de la carte de FRANCE pour n’en garder que l’îlot : DUARIG !

                                        Depuis cette fin d’année 1996, Yves concentre toute son énergie au bon fonctionnement de la boutique. Chaque jour lui apporte un enrichissement nouveau. Sa clientèle qui fait fréquemment un commentaire aimable sur la présentation des friandises, pensant qu’il y a une touche féminine dans l’organisation de la vitrine ou du présentoir. Il est fier de dire que c’est le savoir et la minutie de Tony qui donne ce résultat parfait pour l’œil et le palais. Malgré la distance, moi, je suis tenue au courant de chaque modification apportée à la présentation selon la saison : Noël, Pâques ou  la Saint-Valentin : photos à l’appui et échantillons gourmands me parviennent par courrier. J’associe dans une même amitié mes deux compères. Quand l’un oublie de me donner un détail, au téléphone, j’entends un changement de voix qui complète le récit.

 Cet été, la providence nous a permis de nous réunir pour une petite semaine. Ensemble, nous avons visité la région sous la “houlette” de Rémy qui la connaît  bien grâce à ses promenades à vélo. Nous sommes allés de promenades-pèlerinages en  balades plus ludiques: à la  cueillette de myrtilles, des champignons ou de mûres. Nous avons fait quelques haltes gastronomiques dans de pittoresques auberges. Avec l’arrivée de septembre, il fallut se quitter, la tête pleine de souvenirs. Des photos sont le témoin de ces beaux jours d’amitié. 

Nous nous sommes promis de renouveler de tels moments heureux pour entretenir ce merveilleux cercle amical ...

Et si c’était pour demain!

Voici le premier texte que j’ai écrit avec des titres de chansons que les radios locales diffusaient tous les 11 Mars, en hommage à Claude François :

Avant de partir, tu m’as laissé un message:

“Dis-lui pour moi!”

J’ai cherché partout, guettant leur passage:

NINA-NANA, cette

 PAUVRE PETITE FILLE RICHE,

 LA FILLE DU JUKE-BOX,

BELLE, BELLE, BELLE et toutes celles dont  tu disais:

IMMORTELLES...SONT LES FILLES .Hélas, aujourd'hui,

LE TELEPHONE PLEURE, tu avais raison :

LA SOLITUDE, C’EST APRES! Avec

TOI ET MOI, il y avait

DU PAIN ET DU BEURRE.

TU ES TOUT POUR MOI, malgré

CETTE ANNEE-LA

 UNE PETITE LARME M’A TRAHIE, quand tu es parti pour l’

ALEXANDRIE ALEXANDRA.

MÊME SI TU REVENAIS, tu serais

LE CHANTEUR MALHEUREUX,

LE MAL-AIME. Mais

COMME D’HABITUDE...

L’AMOUR VIENT, L’AMOUR VA.

C’EST LA MÊME CHANSON...mais tu n’es plus là! Mais,

CE N’EST QU’UN AU REVOIR!

 

 A suivre


MAUD.