DIS-LUI
POUR MOI.
Les
années 1991 et 1992 se déroulèrent sans problèmes
majeurs. Il y avait toujours notre
correspondance et les appels téléphoniques qui
constituaient notre “fil rouge”.
Yves
avait trouvé une bonne” vitesse de croisière”
entre le Journal et ses heures d’antenne sur
une radio parisienne où il assurait le service
de nuit avec un très beau slogan :” La nuit
aussi… a des oreilles.” Evidemment, je
partageais ces émissions, en différé, grâce
aux cassettes qu’Yves m’envoyait régulièrement,
toujours avec cette précision dans les détails
qui n’appartient qu’à lui. L’abonnement
à son magazine me permettait
d’être proche de lui. Il était
toujours friand de mes
conseils.
J’étais
fière de mon ami qui avait, enfin, trouvé une
raison de
vivre.
Avec
le début 1993, la providence m’apporta
une joie immense dans ma vie de femme
puisque je pris un grade de plus avec celui de
mamy!
Parmi
les premiers cadeaux, c’est un énorme bouquet
qui arriva
au domicile de mes enfants pour les féliciter
de cette heureuse naissance. Un texte était
ajouté qui précisait la venue imminente de
l’expéditeur en la personne du “tonton
adoptif”. Il lui tardait de faire la
connaissance de cette petite fille et il était
d’autre part très heureux pour moi. Un appel
téléphonique m’annonça, en même temps
l’arrivée d’Yves et une nouvelle
surprenante :
Pauline,
sa chère maman, avait décidé de se marier et
invitait gracieusement son fils à la cérémonie.
Elle avait trouvé en Jeannot le compagnon idéal
pour faire ensemble un bout de chemin. Yves était
curieux de connaître cet homme
qui avait pu “humaniser” sa mère!
Bien
entendu, il comptait sur nous pour le recevoir
en me précisant qu’il ne serait pas seul.
Il
ajouta que depuis qu’il lui avait parlé de
moi, son partenaire était impatient de me connaître.
“Il te plaira me dit-il, il est très doux. Il
est confiseur! Attends-toi à recevoir de bons
chocolats”. Sur ces mots, il raccrocha, après
m’avoir dit tout le plaisir qu’il aurait à
me revoir.
C’est
le jour de mon anniversaire que j’ouvris ma
porte sur un Yves au mieux de sa forme et sur
Tony, le confiseur! Comme il me l’avait dit,
ce jeune homme était charmant et j’avais
l’impression
que je parlais à un ami qui revenait
d’un long voyage. Il devina tout de suite
pourquoi, Yves se sentait comme chez lui, dans
la famille DUARIG. Nous nous rappelions
avec plaisir tous nos souvenirs et au milieu de
certaines phrases, mon ami
disait :
“Ah,
non! De cela je ne lui en ai pas encore parlé...Dis-le
lui, toi. Racontes- lui ta première visite au
studio. C’est vrai: je m’étais fait une
grande joie
de voir mon ami dans l’exercice de
sa profession. Un peu déçue de trouver là une
simple platine
et un simple micro, j’étais vite revenue à
mon rôle de ” maman poule” devant le joli
minois de la fille de la
standardiste de “Radio-Ecureuil. “
Bien
d’autres anecdotes comme celle-ci, nous amenèrent
jusqu’à midi, l’heure où mon mari devait
rentrer. Quand il vit tous les paquets sur la
table, il crut que c’était Noël avant la
date, c’étaient des boites de différentes
tailles qui renfermaient des friandises aussi délicieuses
les unes des autres. Rémy n’eut pas de problèmes
à s’insérer à notre trio. La conversation,
passait tour à tour de sujets sérieux aux plus
délirants fous-rires.
Nous
allions être les premiers à savoir que la vie
de Tony et Yves allait prendre un nouveau
tournant :
Tony
allait faire l’achat d’une boutique où il
prenait Yves pour le seconder, dans un premier
temps. Yves garderait sa tranche horaire à la
radio pour ne pas lâcher complètement sa
passion.
C’était
un plaisir de les voir, tous les deux, calmes et
en parfait accord. Il ne fallait pas oublier la
raison principale de leur déplacement. Les deux
compères partirent dans une tenue impeccable,
pour la cérémonie de mariage. Ce fut
l’occasion pour Yves de revoir ses frères et
sœur; pour
chacun il eut un mot aimable, sans trop rentrer
dans les détails. Avec sa hargne habituelle
Pauline reprocha à son fils de ne pas avoir
choisi sa famille pour le temps de son séjour.
Elle lui dit : “Je ne sais pas comment
“elle” s’y prend pour avoir toutes tes
faveurs. Un jour, il
faudra qu’elle m’explique sa recette,
ta Maud “. Se tournant vers Tony, elle ajouta
:
“A
vous, je souhaite beaucoup de courage, le temps
que vous resterez avec lui!”
Yves
préféra prendre congé avant que le ton monte
davantage; de son côté, il plaignait son
nouveau “beau-père”.
Il
m’expliqua tout cela devant les petits
croissants du matin. Il me rapporta la réflexion
de sa
mère à la vue de Tony. Il me posa la
question qui lui brûlait les lèvres, depuis la
veille :
“Et
toi, mon amie qu’est-ce que tu en penses? Je
lui répondis, le plus maternellement possible :
“Je
n’ai pas à porter de jugement sur ce sujet;
vivez votre vie à votre guise et ne vous
occupez pas des calomnies d’autrui. Je ne
constate qu’une chose, c’est que je découvre
un Yves, bien
dans sa peau et c’est le principal.
Souviens-toi, du jour où tu m’as parlé de
l’ivoire et de l’ébène, c’était le
titre d’une chanson, que tu m’avais
dédicacée, sans que j’en comprenne réellement
le sens:
Des
gens peuvent
être en parfaite harmonie en étant du
sexe opposé ou en étant du même sexe. “
Ma
réponse eut l’air de le soulager et la
conversation dériva vers d’autres sujets. En
particulier,
celui de mon nouveau rôle de grand-mère.
Un rendez-vous fut pris avec les enfants pour
aller admirer cette petite
frimousse. Là aussi, ils n’arrivèrent
pas les mains vides: un survêtement aux
couleurs pastels fut offert au bébé; des
boites de chocolats offertes aux
jeunes parents.
Le
temps de repartir fut vite là, pleins de
promesses. Nous nous engagions à faire le
voyage jusqu’à Paris. C’est
l’inauguration de la “boutique” qui fut le
déclencheur. Nous eûmes le privilège d’en
être les premiers invités et clients!
L’enseigne
du magasin était un parallèle avec leurs
passions pour la collection des anges, tout
naturellement cela devint :
“AUX
ANGES GOURMANDS”.
Jamais
je n’avais vu un magasin tenu avec autant de
raffinement. On aurait dit que les présentoirs
avaient été posés là comme par magie et que
les friandises étaient artificielles. J’ai la
réputation d’être gourmande: je peux donc
vous assurez
qu’elles étaient délicieuses! Il va
sans dire que ce jour-là, j’étrennais une
jolie robe! Il y eut affluence. Tous repartirent
avec son paquet de
friandises.
L’appartement de Tony et de Yves nous
accueilli. Nous fûmes reçus comme des
princes malgré leurs occupations, l’un ou
l’autre restait disponible pour nous
montrer les merveilles de la Capitale que
je découvrais. Comme il me l’avait promit,
mon ami, réalisait un de mes
rêves : être en sa compagnie dans un décor
qu’il recherchait depuis longtemps pour
trouver, enfin, son équilibre, professionnel et
personnel.
C’était
amusant à voir avec quelle facilité les deux
jeunes gens partageaient les tâches ménagères
et commerciales, dans le calme. Ils étaient
rayonnants de bonheur. J’étais contente pour
eux, Je souhaitais que cela dure toujours.