Chapitre 13


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DIS-LUI POUR MOI.

                                               Les années 1991 et 1992 se déroulèrent sans problèmes majeurs. Il y avait toujours notre correspondance et les appels téléphoniques qui constituaient notre “fil rouge”.

Yves avait trouvé une bonne” vitesse de croisière” entre le Journal et ses heures d’antenne sur une radio parisienne où il assurait le service de nuit avec un très beau slogan :” La nuit aussi… a des oreilles.” Evidemment, je partageais ces émissions, en différé, grâce aux cassettes qu’Yves m’envoyait régulièrement, toujours avec cette précision dans les détails qui n’appartient qu’à lui. L’abonnement à son magazine me permettait  d’être proche de lui. Il était toujours friand de  mes conseils.

J’étais fière de mon ami qui avait, enfin, trouvé une raison  de vivre.

                                    Avec le début 1993, la providence m’apporta  une joie immense dans ma vie de femme puisque je pris un grade de plus avec celui de mamy!

Parmi les premiers cadeaux, c’est un énorme bouquet qui  arriva au domicile de mes enfants pour les féliciter de cette heureuse naissance. Un texte était ajouté qui précisait la venue imminente de l’expéditeur en la personne du “tonton adoptif”. Il lui tardait de faire la connaissance de cette petite fille et il était d’autre part très heureux pour moi. Un appel téléphonique m’annonça, en même temps l’arrivée d’Yves et une nouvelle surprenante :

Pauline, sa chère maman, avait décidé de se marier et invitait gracieusement son fils à la cérémonie. Elle avait trouvé en Jeannot le compagnon idéal pour faire ensemble un bout de chemin. Yves était curieux de connaître cet  homme qui avait pu “humaniser” sa mère!

 Bien entendu, il comptait sur nous pour le recevoir en me précisant qu’il ne serait pas seul.

Il ajouta que depuis qu’il lui avait parlé de moi, son partenaire était impatient de me connaître. “Il te plaira me dit-il, il est très doux. Il est confiseur! Attends-toi à recevoir de bons chocolats”. Sur ces mots, il raccrocha, après m’avoir dit tout le plaisir qu’il aurait à me revoir.                            

 C’est le jour de mon anniversaire que j’ouvris ma porte sur un Yves au mieux de sa forme et sur Tony, le confiseur! Comme il me l’avait dit, ce jeune homme était charmant et j’avais l’impression  que je parlais à un ami qui revenait d’un long voyage. Il devina tout de suite pourquoi, Yves se sentait comme chez lui, dans  la famille DUARIG. Nous nous rappelions avec plaisir tous nos souvenirs et au milieu de certaines phrases, mon ami  disait :

“Ah, non! De cela je ne lui en ai pas encore parlé...Dis-le lui, toi. Racontes- lui ta première visite au studio. C’est vrai: je m’étais fait une grande  joie de voir mon ami dans l’exercice  de sa profession. Un peu déçue de trouver là une simple  platine et un simple micro, j’étais vite revenue à mon rôle de ” maman poule” devant le joli minois de la fille de la  standardiste de “Radio-Ecureuil. “

Bien d’autres anecdotes comme celle-ci, nous amenèrent jusqu’à midi, l’heure où mon mari devait rentrer. Quand il vit tous les paquets sur la table, il crut que c’était Noël avant la date, c’étaient des boites de différentes tailles qui renfermaient des friandises aussi délicieuses les unes des autres. Rémy n’eut pas de problèmes à s’insérer à notre trio. La conversation, passait tour à tour de sujets sérieux aux plus délirants fous-rires.

Nous allions être les premiers à savoir que la vie de Tony et Yves allait prendre un nouveau tournant :

Tony allait faire l’achat d’une boutique où il prenait Yves pour le seconder, dans un premier temps. Yves garderait sa tranche horaire à la radio pour ne pas lâcher complètement sa passion. 

C’était un plaisir de les voir, tous les deux, calmes et en parfait accord. Il ne fallait pas oublier la raison principale de leur déplacement. Les deux compères partirent dans une tenue impeccable, pour la cérémonie de mariage. Ce fut l’occasion pour Yves de revoir ses frères et sœur;  pour chacun il eut un mot aimable, sans trop rentrer dans les détails. Avec sa hargne habituelle Pauline reprocha à son fils de ne pas avoir choisi sa famille pour le temps de son séjour. Elle lui dit : “Je ne sais pas comment “elle” s’y prend pour avoir toutes tes faveurs. Un jour, il  faudra qu’elle m’explique sa recette, ta Maud “. Se tournant vers Tony, elle ajouta :

“A vous, je souhaite beaucoup de courage, le temps que vous resterez avec lui!”

Yves préféra prendre congé avant que le ton monte davantage; de son côté, il plaignait son nouveau “beau-père”.

  Il m’expliqua tout cela devant les petits croissants du matin. Il me rapporta la réflexion  de sa  mère à la vue de Tony. Il me posa la question qui lui brûlait les lèvres, depuis la veille :

“Et toi, mon amie qu’est-ce que tu en penses? Je lui répondis, le plus maternellement possible :

“Je n’ai pas à porter de jugement sur ce sujet; vivez votre vie à votre guise et ne vous occupez pas des calomnies d’autrui. Je ne constate qu’une chose, c’est que je découvre un Yves,  bien dans sa peau et c’est le principal. Souviens-toi, du jour où tu m’as parlé de l’ivoire et de l’ébène, c’était le titre d’une chanson, que tu m’avais  dédicacée, sans que j’en comprenne réellement le sens: 

Des gens peuvent  être en parfaite harmonie en étant du sexe opposé ou en étant du même sexe. “

Ma réponse eut l’air de le soulager et la conversation dériva vers d’autres sujets. En particulier,  celui de mon nouveau rôle de grand-mère. Un rendez-vous fut pris avec les enfants pour aller admirer cette petite      frimousse. Là aussi, ils n’arrivèrent pas les mains vides: un survêtement aux couleurs pastels fut offert au bébé; des boites de chocolats offertes aux  jeunes parents.

Le temps de repartir fut vite là, pleins de promesses. Nous nous engagions à faire le voyage jusqu’à Paris. C’est l’inauguration de la “boutique” qui fut le déclencheur. Nous eûmes le privilège d’en être les premiers invités et clients!

L’enseigne du magasin était un parallèle avec leurs passions pour la collection des anges, tout naturellement cela devint :

“AUX ANGES GOURMANDS”.

Jamais je n’avais vu un magasin tenu avec autant de  raffinement. On aurait dit que les présentoirs avaient été posés là comme par magie et que les friandises étaient artificielles. J’ai la réputation d’être gourmande: je peux donc vous assurez  qu’elles étaient délicieuses! Il va sans dire que ce jour-là, j’étrennais une jolie robe! Il y eut affluence. Tous repartirent avec son paquet de  friandises.  L’appartement de Tony et de Yves nous  accueilli. Nous fûmes reçus comme des princes malgré leurs occupations, l’un ou l’autre restait disponible pour nous  montrer les merveilles de la Capitale que je découvrais. Comme il me l’avait promit, mon ami, réalisait un de mes  rêves : être en sa compagnie dans un décor qu’il recherchait depuis longtemps pour trouver, enfin, son équilibre, professionnel et personnel.

C’était amusant à voir avec quelle facilité les deux jeunes gens partageaient les tâches ménagères et commerciales, dans le calme. Ils étaient rayonnants de bonheur. J’étais contente pour eux, Je souhaitais que cela dure toujours.  

  


MAUD.