Chapitre 12


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CHERCHE.

 

                             Pendant les mois qui suivirent, entre son oncle et nous, Yves passa de bons  jours, renouant un peu avec son passé, par l’intermédiaire d’écrits ou de rencontres à l’Évêché. On décida de faire une promenade à ARS où on marcherait  dans les pas de son Saint-Patron. Le rendez-vous fut organisé avec l’oncle et la tante. La journée se passa le plus agréablement du monde, avec des moments de prières et des promenades autour de ce magnifique site.

 A la fin de l’hiver, Yves reçut un courrier de Bordeaux qui l’invitait à se présenter à la direction d’un journal où il avait été chaleureusement recommandé par  les moines du Morvan. Yves se souvint qu’en effet, il s’y était rendu lors d’un stage dans un autre monastère. Tous les renseignements pris, mon “saltimbanque” fit ses bagages et il partit un beau matin du mois de mai. En   refermant la porte sur lui, j’ouvris mon agenda et je pus lire la date du 27: nous nous connaissions depuis 71 mois. Il emportait dans ses bagages, un peu de moi, avec le poème mensuel que je lui avais dit de lire dans le train et qui  s’appelle :

SUR TOUTES LES PAGES DE MA VIE.

UN MATIN :

Je t’ai murmuré: “ je t’aime” pour la première fois

Sur une chanson de Claude François;

Tu ne l’a pas entendu,

Tu étais de l’autre côté de la rue.

UN APRES-MIDI :

Je t’ai dit: “ je t’aime”, malgré ma peine,

Mais tu es parti... quand même.

Pendant ton absence, Je n’ai pas oublié ton nom

Et tu es revenu me demander : Pardon.

UN SOIR :

Je n’aurai plus la force de te crier: “je t’aime”,

Mais il sera dans les paroles d’un Requiem!

Je quitterai cette vie

En ayant eut la chance d’avoir un ami!

  L’absence recommençait, pour quel autre destin, mon ami était-il voué?

Notre correspondance reprit, une nouvelle fois, j’étais submergée de lettres, pleines de détails sur le passionnant  travail du journal. Yves s’occupait de la mise en page du magazine et il avait eu droit à une photo en tant que nouveau “membre” et, j’avais été la première à la recevoir. Il n’en avait pas pour autant oublié la religion puisque, régulièrement,  il se rendait à l’Abbaye, toute proche. J’étais contente de partager ces nouvelles avec sa tante.

                                       En septembre, je reçu  une lettre postée  à Paris, c’était l’écriture de Yves qui me faisait part de son transfert sur la Capitale : il y était envoyé pour la promotion de son Journal. S’il en acceptait l’offre, il fusionnerait avec une station de  radio religieuse, ce qui n’était pas pour déplaire à notre ancien  animateur. Il terminait sa lettre en me disant:

“Je fais un essai, cette fois, je crois que j’ai trouvé ma vraie place, souhaite-moi bonne chance!”

 Bien sur que je lui souhaitais “bonne chance”, mais avec tous ces changements,    je me demandais où il puisait toute cette énergie. Je pensais pourtant bien le connaître et au fond de moi, j’avais cette   peur qu’un jour, il n’ai plus le courage de recommencer ! Il  me promettait une visite, avant son départ définitif pour Paris.

Il tint sa promesse, puisque son retour se concrétisa par une belle matinée de mai...un  an après son départ pour Bordeaux.

                Les retrouvailles furent émouvantes  et je me refusais bien à lui demander la durée de cette étape.  Il fallait apprécier le temps présent. D’un commun accord, Yves  partagea  son emploi du temps entre sa tante, son oncle  et nous.


MAUD.