CHERCHE.
Pendant
les mois qui suivirent, entre son oncle et nous, Yves
passa de bons jours,
renouant un peu avec son passé, par l’intermédiaire
d’écrits ou de rencontres à l’Évêché. On décida
de faire une promenade à ARS où on marcherait
dans les pas de son Saint-Patron. Le rendez-vous
fut organisé avec l’oncle et la tante. La journée se
passa le plus agréablement du monde, avec des moments
de prières et des promenades autour de ce magnifique
site.
A
la fin de l’hiver, Yves reçut un courrier de Bordeaux
qui l’invitait à se présenter à la direction d’un
journal où il avait été chaleureusement recommandé
par les
moines du Morvan. Yves se souvint qu’en effet, il
s’y était rendu lors d’un stage dans un autre
monastère. Tous les renseignements pris, mon
“saltimbanque” fit ses bagages et il partit un beau
matin du mois de mai. En
refermant la porte sur lui, j’ouvris mon agenda
et je pus lire la date du 27: nous nous connaissions
depuis 71 mois. Il emportait dans ses bagages, un peu de
moi, avec le poème mensuel que je lui avais dit de lire
dans le train et qui
s’appelle :
SUR
TOUTES LES PAGES DE MA VIE.
UN
MATIN
:
Je
t’ai murmuré: “ je t’aime” pour la première
fois
Sur
une chanson de Claude François;
Tu
ne l’a pas entendu,
Tu
étais de l’autre côté de la rue.
UN
APRES-MIDI :
Je
t’ai dit: “ je t’aime”, malgré ma peine,
Mais
tu es parti... quand même.
Pendant
ton absence, Je n’ai pas oublié ton nom
Et
tu es revenu me demander : Pardon.
UN
SOIR :
Je
n’aurai plus la force de te crier: “je t’aime”,
Mais
il sera dans les paroles d’un Requiem!
Je
quitterai cette vie
En
ayant eut la chance d’avoir un ami!
L’absence
recommençait, pour quel autre destin, mon ami était-il
voué?
Notre
correspondance reprit, une nouvelle fois, j’étais
submergée de lettres, pleines de détails sur le
passionnant travail
du journal. Yves s’occupait de la mise en page du
magazine et il avait eu droit à une photo en tant que
nouveau “membre” et, j’avais été la première à
la recevoir. Il n’en avait pas pour autant oublié la
religion puisque, régulièrement,
il se rendait à l’Abbaye, toute proche. J’étais
contente de partager ces nouvelles avec sa tante.
En
septembre, je reçu
une lettre postée
à Paris, c’était l’écriture de Yves qui me
faisait part de son transfert sur la Capitale : il y était
envoyé pour la promotion de son Journal. S’il en
acceptait l’offre, il fusionnerait avec une station de
radio religieuse, ce qui n’était pas pour déplaire
à notre ancien animateur.
Il terminait sa lettre en me disant:
“Je
fais un essai, cette fois, je crois que j’ai trouvé
ma vraie place, souhaite-moi bonne chance!”
Bien
sur que je lui souhaitais “bonne chance”, mais avec
tous ces changements,
je me demandais où il puisait toute cette énergie.
Je pensais pourtant bien le connaître et au fond de
moi, j’avais cette peur
qu’un jour, il n’ai plus le courage de recommencer !
Il me
promettait une visite, avant son départ définitif pour
Paris.
Il
tint sa promesse, puisque son retour se concrétisa par
une belle matinée de mai...un
an après son départ pour Bordeaux.
Les
retrouvailles furent émouvantes
et je me refusais bien à lui demander la durée
de cette étape. Il
fallait apprécier le temps présent. D’un commun
accord, Yves partagea
son emploi du temps entre sa tante, son oncle
et nous.