VIVANTE RIEN QUE POUR LUI



 Depuis l’accident qui avait causé la mort de Mathilde, Jean-Pierre n’arrivait pas à reprendre le dessus. 

A force de se repasser le film de sa vie pendant cette période où il était avec sa chère compagne, il eut l’idée de l’écrire, sans oublier aucun détail. 

Pour son entourage, il prétextait un supplément de travail pour s’enfermer dans son bureau, avec son métier de metteur en scène, ça lui était facile. 

Quel plaisir pour lui de se retrouver seul avec Mathilde, ensemble ils avaient joué plus de dix personnages différents: tantôt il avait été l’enfant gâté, son âge le lui permettait étant plus jeune de 18 ans que son amie.

 Mais il savait aussi, être l’homme sur lequel elle pouvait poser sa tête pour un moment d’affection. Ce bonheur dura jusqu’à l’arrivée d’une jeune figurante

Bien vite, la vieille amie remarqua sa beauté et la façon qu’elle avait de tourner autour de son “maître” et bien vite notre jeune homme “tomba” dans le jeu de la midinette. 

Les premiers temps, leur union fut irrégulière, Jean-Pierre allait de l’une à l’autre, sans problèmes. Pour Mathilde, c’était toujours le même bonheur, quand elle voyait arriver son jeune protégé. Un jour, sur le plateau du tournage, Mathilde s’aperçut du “manège” de l’ingénue de plus Jean-Pierre jouait les indifférents et ne s’adressait à sa vieille amie que pour le côté: travail! 

Jusqu’à maintenant, Mathilde n’avait jamais été jalouse des conquêtes de son ami, mais aujourd’hui elle se sentait humilié. 

Elle ne retrouvait pas dans le comportement de son ami, le côté prévenant et amical d’autrefois et cette façon de lui dire:

“Heureusement que tu es là, sans toi, je ne serais pas devenu ce que je suis.
” Des conseils, elle lui en avaient donnés, il était tout pour elle, elle voulait qu’il arrive à la hauteur des plus “grands”. 

Tout s’écroulait à cause d’un autre ...
Sourire, pour une fille qui n’en valait pas la peine!

Après la prise de vue, Jean-Pierre s’approcha de Mathilde et gêné, il lui dit:

“Ne m’attends pas ce soir, ni demain, je...”

Mathilde ne le laissa pas finir, elle ressentait une certaine honte à lui mentir. 
Elle lui répondit, simplement:

“Tu n’as pas de comptes à me rendre, va où bon te semble!”

Et elle vit s’éloigner son ami au bras de sa rivale.

A partir de ce jour, les visites se firent de plus en plus rares et un matin, au studio, il lui dit:

“Promets-moi de toujours me garder une place dans ton cœur, Sylvie ne te remplacera jamais.
 Elle ne connaîtra jamais rien de notre complicité, c’est notre secret.”

A ce moment, elle retrouva ce petit quelque chose qui n’appartenait qu’à lui et vint l’embrasser sur le front, comme avant. Cette aveu venait de leur réchauffer le cœur.

Jean-Pierre repartit, soulagé d’avoir été pardonné.

Un jour, Sylvie se rendit au domicile de Mathilde, sans y être invitée et sèchement, elle lui dit: “Vous n’avez pas encore comprit que l’on ne veut plus de vous dans notre vie. 

Jean-Pierre n’ose pas vous le dire, il ne ressent que de la pitié pour vous. 
Maintenant laissez nous vivre, sans à avoir à supporter votre vieux “carcan”! 
Sans un regard, elle tourna les talons en claquant la porte. 

Aussitôt, Mathilde prit ses clés, descendit les escaliers et monta dans sa voiture, en pensant que loin de la ville elle pourrait faire le point sur cette altercation. 

Hélas, aveuglée par les larmes, notre malheureuse ne vit pas le talus en bordure de la route et se fut l’accident! 

Les secours ne purent que constater le décès! 

On put avertir Jean-Pierre grâce au porte-clé où son nom était gravé à côté du sien.

C’est par cette phrase que notre metteur en scène-écrivain mit le mot:
 F.I.N au bas de la page de son livre. 

Depuis, il se retrouve seul et chaque soir, en relisant son livre il vient retrouver celle qui lui a donné plus que sa vie et qu’il sait vivante... 

Rien que pour lui.


Maud


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dans mon livre d'or