SON NOM INACHEVE.


 


Depuis déjà une semaine, la rue où Mady était vendeuse, connaissait l’effervescence des grands travaux.


L’entreprise chargée de refaire le bitume avait envahi les moindres recoins de leurs engins gros et bruyants.
Telles des abeilles, les hommes avaient leurs tâches bien définies.
Parmi eux, un jeune homme se détachait du groupe et avait attiré l’attention de notre vendeuse.
Ils commencèrent par se saluer, ensuite ce fut le traditionnel petit mot sur la météo et le troisième soir, le jeune garçon se risqua à prononcer la phrase … :
“Si je vous attendais après votre travail, accepteriez-vous de venir prendre un apéritif, on ferait plus ample connaissance?”
La jeune fille répondit par un sourire et cette offre la motiva pour le reste de la journée.
A 19 heures, l'émotion l'a troublait à l’idée de se retrouver avec son sympathique inconnu.
Tous deux prirent la direction de la place de la mairie où se trouvait le bar qui serait l’endroit de leurs premières confidences.
En échangeant leurs prénoms, Mady apprit que son compagnon s’appelait Gérard.
L’heure qui suivit passa comme dans un rêve, en se quittant, ils se souhaitèrent bon week-end, car le domicile de notre jeune ouvrier était distant de 60 kilomètres avec son chantier.
C’était dommage d’être privé de lui un dimanche où ils auraient pu découvrir, plus vite, les joies d’être ensemble!Mady due attendre jusqu’au lundi avant de le revoir dans ses” allers et venues”, portant tantôt des sacs, tantôt des planches ou donnant des conseils aux ouvriers.
Tout deux avaient hâte de se retrouver à 19 heures pour prendre le chemin du bar.
Sur le parcours, Gérard proposa une séance de cinéma que Mady accepta, radieuse.
La soirée fut un vrai conte de fées.
La jeune fille était traitée comme une véritable princesse.
Elle avait trouvé le chevalier servant, idéal.
A l’heure de la séparation, au bas de l'immeuble, en regardant les boites à lettres, Gérard dit :

“Laisses-moi deviner laquelle est la tienne !”
Au hasard, il mit le doigt sur une en montrant, la bonne!
Ainsi, il découvrait le nom de famille de sa compagne.
Aussitôt, la coquine lui demanda:

Et toi, comment t’appelles-tu?”
Pour toute réponse, elle eut droit au plus beau de ses sourires et en lui prenant la main, il lui dit:

“Si tu le veux bien, nous allons faire un petit jeu: chaque soir, en te raccompagnant, je te dévoilerais une lettre de mon nom, ainsi, au bout d’un certain temps, tu sauras comment je m’appelle!”

La jeune fille accepta et en le quittant, elle savait que la lettre initiale de son nom était un: M.
Le lendemain soir, en s’approchant de son oreille, il lui murmura: O!
Avec la 3ème lettre qui était un: N,
Mady lui demanda:

“Dis-moi au moins combien de soirs faudra-t-il attendre pour savoir ton nom en entier?”
C’est avec une infinie douceur dans la voix, qu’il lui répondit:

“ SIX”. Les soirs suivants, le puzzle de lettres s’allongeait avec un:T, un G.
Le soir qu’elle apprit la lettre: R, c’était un vendredi et Mady lui dit:

“Je t’en prie, donne-moi les lettres de samedi et dimanche et lundi pour la lettre finale ce sera un soir de fête!
Pour toute réponse, la pauvre petite impatiente eut droit à une caresse.
En disant le mot “finale”, elle ne savait pas qu’elle venait de prononcer, le mot fatidique!
En effet, le lundi suivant, la rue resta sans ouvriers.
Elle calmait son impatience en repassant dans sa tête les paroles de Gérard:

“N’essaie pas de tricher, tu auras les autres lettres en temps voulu et à ce moment, c’est moi qui serait le plus heureux des hommes, si tu me dis que tu acceptes de porter ce nom en vivant avec moi!

C’est le lendemain matin que Mady vit s’approcher le chef de chantier et en lui tendant la main, il lui dit:

“Hier, je n’ai pas eut le temps de venir, j’ai une commission à vous faire de la part de Gérard:

Il a été transféré sur un autre chantier, mais il reviendra très vite, bonne journée!” Mady, n’eut pas le temps de réaliser ce qu'elle venait d’entendre que le “chef” avait disparu!

Au bout de huit jours, personne n'est venu rassurer notre triste vendeuse.
Il savait pourtant son adresse, mais la boite aux lettres restait désespérément... vide!

Un matin, la surprise fut à son comble: la rue était débarrassée de tous les engins!
Il lui revint en mémoire les paroles d’une chanson en vogue qui disait:

“Sur ton visage... Une larme....” Et Gérard lui disait toujours:

“Jamais tu n’auras à pleurer par ma faute, rien, ni personne ne me séparera de toi!”
Où était-il pour ne plus se rappeler de cette phrase!

Les années ont passées, Mady pense toujours à cet homme dont le début de son nom commence par :
M.O.N.T.G.R ?.?.?!




  MAUD.

 

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