Quand
Suzanne ouvrit les yeux, elle se rappela que c’était
aujourd'hui qu’elle recevait la visite d’un homme de
loi, pour l’expertise de sa “saisie”.
Jamais, elle
n’aurait crut en arriver là, mais le ménage croulait
sous les dettes depuis la mise au chômage brutale de son
mari.
Sa seule pensée était de savoir de quoi, on allait
la déposséder, le moindre petit objet lui était utile.
A
dix heures, la sonnette retentit et fit sursauter Suzanne,
elle ouvrit sa porte sur un personnage imposant par sa
taille, mais son “Bonjour” ne fut pas agressif.
Notre maîtresse
de maison, le fit pénétrer dans le hall et lui dit avec émotion:
“Faites
votre travail, puisque c’est la seule issue.”
L’homme
entra dans la pièce centrale où se trouvait un buffet, une
table, un cosy et une vieille commode.
C’est devant ce
meuble que l’expert s’arrêta longuement, posant sa main
dessus, ouvrant les tiroirs où se trouvaient du linge de
toilette, de vieux papiers, de vieilles enveloppes, que
Suzanne n’avait jamais débarrassés.
Regardant, Suzanne,
l’homme lui dit :
“Je
crois que la valeur de cette commode suffira à payer vos
dettes, si vous voulez bien la vider pendant que je finis
mon rapport.”
Sans rien dire, notre ménagère vida le
contenu du premier tiroir, celui du second et quand elle
arriva au troisième qui contenait de vieilles cartes
postales et leurs timbres, l’expert qui ne l’avait pas
quitté des yeux, lui dit:
“Jamais
mon métier ne m’avait autant coûté qu’aujourd’hui,
en vous observant, aussi désemparée, mais, je crois que je
vais vous rendre le sourire, si vous permettez que je
regarde ces enveloppes de plus près.” Surprise, Suzanne
obéit et au bout de cinq minutes, son interlocuteur lui
dit:
“Je
vous autorise à regarnir vos tiroirs, je me contenterai
seulement de cette précieuse liasse qui couvrira largement
vos dettes!” Suzanne n’en croyait pas ses oreilles, elle
qui la veille voulait jeter tout le contenu du tiroir,
aujourd'hui, c’était ces petits carrés dentelés qui la
sauvait!
L’homme prit congé, en souriant et en emportant
ce minuscule trésor.
A
midi, le mari de Suzanne arriva pour le déjeuner.
Tout le
matin, il s’était préoccupé de savoir ce qui manquerait
de son univers familial.
En embrassant sa femme, il jeta un
coup d’œil pour chercher les objets manquants.
En
quelques phrases, Suzanne lui fit un récit détaillé de sa
matinée au plus grand étonnement de son mari.
Et, comme un
bonheur ne vient jamais seul, il sortit de sa poche, une
feuille d’embauche de l’usine de la ville.
Tous deux, se
jetèrent dans les bras l’un de l’autre, réalisant avec
peine ce bien-être... retrouvé!
MAUD.
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