Eric et Claire
étaient mariés depuis deux ans et vivaient un bonheur sans
nuages. Un bonheur trop grand. Ils
auraient aimé qu’un enfant vienne partager cette existence
d’ouate et de miel.Mais, différents examens médicaux avaient
été formels :
Jamais Claire
ne connaîtrait la joie d’une maternité. Leur
espérance se tournait maintenant vers
l’adoption. L’espoir s’offrit à eux le jour où sur
une revue, Eric lut un article concernant une catastrophe qui
était survenue en Suisse où plusieurs familles avaient périt
dans un incendie. Cependant quelques enfants,
désormais seuls, avaient été dirigés dans divers
établissements médicaux. Parmi eux, certains étaient
“adoptables.” Une sélection allait être effectuée parmi les
personnes désireuses d’accepter un enfant . Pour notre
couple qui avait leur candidature dans tous les organismes
vécurent, partir de ce moment, dans l’attente d’une
convocation. Toutes les fois qu’elle se retrouvait
seule, Claire imaginait la frimousse de cet enfant qui allait
lui être confié : Serait-il blond, brun; Quel âge
aurait-il ? Allait-elle acheter des robes, des
pantalons ? Toutes ces questions se mélangeaient
dans sa tête de “future maman”. Le jour qu’elle reçut
la lettre lui demandant de se présenter avec son mari, tout
les deux furent pris d’un immense bonheur mêlé d’une
appréhension qui se comprenait très bien. Le chemin fut long
jusqu’à l’établissement. Ils furent accueillis par
une hôtesse qui les pria de s’asseoir, en attendant leur
tour. A partir de cet instant, ce fut un défilé de
parents, tenant par la main un enfant qui était désormais...
Le leur. C’était très émouvant de voir ces enfants
encore choqués par le souvenir du drame qu’ils avaient vécus
où un pansement entourait une jambe, une tête ou un bras et
qui partaient avec une nouvelle maman... Un nouveau
papa. A ce moment, une pensée traversa l’esprit de
Claire : Le prénom de cet enfant leur
plairait-il ? Elle se consola en se disant que
la Suisse se rapproche beaucoup de la France dans la ronde des
prénoms. Enfin, après deux heures d’attente, une voix
appela Claire et Eric. La personne qui les reçut dans le
bureau médical, leur dit : “Nous avons hésitez avant
de vous convoquer pour Aujourd’hui. Notre petite protégée a
encore les pansements de son opération”. A ces mots,
Claire pensa au pire : “Dans quel état se trouvait
l’enfant qu’on allait lui confier ?” La femme
poursuivit : “Kathy a eut les yeux brûlés lors de
l’incendie et une opération a été nécessaire. Je ne
vous cache pas que trois couples ont refusé l’enfant par peur
de s’occuper d’une infirme ! Je peux vous
rassurer en vous disant que l’opération a réussie et que les
pansements vont être enlevés devant vous, si vous acceptez la
charge de cette petite fille ! " Claire et Eric
n’eurent pas besoin de se parler pour demander d’être conduit
dans la chambre de l’enfant. Au bout d’un
interminable couloir, ils arrivèrent près d’un petit lit où
une poupée vivante était allongée. Elle avait quatre
ans environ et de longues boucles blondes dépassaient du
bandage qui cachait encore ses pauvres yeux. A la vue
de ce “tableau”, Claire prit la main de son mari pour l’aider
à réaliser ce qui allait se dérouler devant elle. A
ce moment, une infirmière s’approcha de Kathy et en la
caressant, elle lui dit : “J’ai à côté de moi
quelqu'un qui voudrait t’emmener pour te garder maintenant que
tu es guérie. Veux-tu les voir ?” L’enfant porta
ses mains sur sa tête, en signe d’impatience. Un
homme vêtu de blanc entra dans la pièce, salua les nouveaux
parents et tout en préparant son matériel dit, en s’adressant
à Eric : - « Nous avons eu peur pour les yeux de
Kathy. Nous savons depuis hier que l’opération a
réussie. Nous nous rappellerons longtemps de ce terrible
incendie.” Tout en parlant, le docteur avait coupé
les liens qui retenaient le pansement. Avec
précaution, il retint la tête de l’enfant. Au bout
d’une minute, on put découvrir les yeux bleus de
Kathy. Le docteur poursuivit différents examens sur
le visage encore pâle de la petite patiente. Il se pencha et
dit : -“Tu veux faire un sourire à cette maman et à ce
papa qui sont prêts de toi ?” Kathy se redressa sur
son oreiller et on vit ses yeux bouger de Claire vers Eric,
tout à fait normalement. Claire qui était tout prêt
du lit, se pencha pour embrasser ce petit ange qui l’a
regardait. L’émotion fut à son comble quand on vit la petite
main frôler la robe de la future maman et quand on entendit la
petite voix : “Ta robe est très douce...”Maman” et de
la même couleur que mes yeux !” Aucune preuve
n’était plus convaincante que l’opération était
réussie ! Claire cacha ses larmes en continuant
à caresser les cheveux de la petite. Elle lui
demanda, avec toute la tendresse d’une mère : “Es-tu
d’accord pour partir avec nous... Pour toujours ?” Les
yeux de la petite allèrent interroger ceux du docteur et après
un petit silence, elle répondit : “Oui, maman, je veux
partir avec toi et papa Eric et je ne veux plus jamais avoir
mal à mes yeux !” Eric rejoint Claire et en prenant la
petite dans ses bras, il lui dit : “Non, ma fille, tu
n’auras plus jamais mal à tes yeux. Viens vite pour connaître
avec nous un... bonheur tout neuf.” Les dernières
formalités à jour, on put voir partir trois personnes unies
pour une nouvelle marche vers le bonheur.
Maud |