Jamais sans elle





Depuis qu’Aimée et Louis se connaissaient, ils finissaient toujours leur soirée dansante par un slow et toujours avec la même chanson: SERENADE.

La vie aurait pu se dérouler sans embûches, si un jour, Aimée n’avait pas été obligée de partir du pays pour Le Congo et y aller exercer son métier d’infirmière. 

Les années passèrent, Louis entra dans un grand orchestre où il faisait danser les couples. 
Il s’était juré de ne jamais plus finir son tour de chant par la chanson qui n’appartenait qu’à lui et son amour disparu.

De son côté, Aimée menait une vie bien morose avec le travail sans pitié qu’impose la médecine.

Au fil des années, voyant que des rides se dessinaient sur son visage, elle décida de faire “marche arrière” sur le chemin de son premier amour.

A son arrivée, la ville semblait endormie, Vingt ans avaient passés. 
A l’entrée de la discothèque, les photos des artistes des années 60 avaient laissé la place aux vedettes américaines qui font les premières places des “hits.” 
Timidement, elle pénétra dans la salle où les couples s’enlaçaient sur une musique douce. Ses yeux cherchaient la silhouette de son ami. 
Soudain, son regard se posa sur lui, elle resta figée sur place, en l’admirant. 
A la fin de la chanson, elle décida de s’approcher de l’estrade où les musiciens étaient installés. 
Elle sentait que la soirée allait se terminer sans la mélodie qu’elle aimait tant. 
D’un geste de la main, elle appela son ami et lui murmura à l’oreille:

“Est-ce qu’il serait possible que vous interprétiez un succès qui a bercé mes dix huit ans et qui s’appelle “SERENADE”. 
Surpris et sans la reconnaître, le chanteur lui dit:

“Je suis ému que vous me demandiez ce vieil air qui est plein de souvenirs pour moi aussi. Hélas, aujourd’hui nous ne le jouons plus, il n’appartient qu’à moi et mon amour perdu, je regrette, madame.”

Sans le quitter des yeux, Aimée se dégagea une mèche de cheveu et balbutia:

“Il faut croire que les années de chagrin se soient incrustées sur mon visage pour que tu ne me reconnaisses pas. Louis, mon cher ami qui donc à part moi aurait pu te demander ce slow?”

Gêné, Louis embrassa sa compagne et lui dit:

“Je me refusais de croire que quelqu’un d’autre que toi me demande cette chanson. Pardon pour mon hésitation à te reconnaître. Personne n’est venu partager ma vie, depuis ton départ. Si tu le veux bien, revenons vingt ans à l’arrière.”

En se retournant vers ses musiciens, par un geste, ils comprirent ce qu’il fallait jouer. Ils entrèrent sur la piste, enlacés, seuls au monde et se laissèrent entraîner dans ce pays où l’on a accès... 
Qu’en fermant les yeux.

Maud

 

 



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