En ce rude soir
de NOËL, Catherine et Pierre étaient réunis, dans leur salon
pour fêter leur 10ème anniversaire de mariage. Dix ans de
bonheur dans ce petit village qui les avait vu grandir et s’
aimer.
A
vingt ans, Pierre était parti à la ville, pendant deux ans faire
des études, mais il avait hâte de rentrer chez lui où Catherine
l’ attendait pour devenir sa femme.
Une
ombre, malgré tout les empêchait de compléter cette vie sans
nuages : Catherine ne connaîtrait jamais les joies de la maternité.
Elle enviait ses amies d’être appelé : Maman !Pierre asseyait
de lui faire oublier cette peine en la couvrant de cadeaux :
Bijoux, fourrures, mais jamais rien ne remplacera la voix d’un
enfant !
Au
moment où elle dépliait les
boites et les coffrets enrubannés, elle ne se doutait pas
qu’un petit garçon de dix ans descendait d’un train et se
dirigeait vers sa maison !
La
pluie lui mouillait le visage et l’ aveuglait, car cet enfant
qui avait pour seul bagage:
une lettre, ne savait pas quel accueil allait lui être réservé!
Quand
Catherine entendit frapper, elle ouvrit la porte sur ce gamin
ruisselant de pluie et de larmes! Timidement, il dit “Bonsoir”
et en montrant la lettre, il ajouta :
“Je
dois remettre cette enveloppe à Monsieur Meillant.”
Etonnée,
Catherine appela son mari et dans le vestibule, Pierre découvrit
ce petit bonhomme qui lui tendait
son billet. En lui souriant, Pierre déplia la feuille de papier
et silencieux, en lut
le
contenu!Catherine essayait de comprendre en regardant le visage
crispé de son mari. Quand, il replia sa missive, il s’ avança
vers sa femme et lui dit :
“Je
ne peux te dire qu’un seul mot : Tu as devant toi, mon fils !”
Il
lui avait dit cette phrase, en la tenant par la main et pour toute
réaction, Catherine se rapprocha du petit et en l’
aidant à se débarrasser de sa cape et ses chaussures mouillés,
elle lui dit:
“Viens
te réchauffer et participer à mon repas d'anniversaire !”
Tous
les trois se dirigèrent près de la cheminée et Pierre tenant le
petit par la main, dit à son épouse :
“Au
cours de mon stage, quand je me suis retrouvé seul dans cette
ville austère, c’est
Hélène
qui a su m'apporter un peu de chaleur humaine. Quand, elle apprit
sa grossesse, je voulais prendre mes responsabilités, mais elle
connaissait ton existence et me fit juré de ne jamais t’en
parler. Si le petit est là, c’est que sa mère vient de mourir
et sa lettre est un “adieu.”
Catherine
avait écouté son mari, comme si il lui avait résumé le scénario
d’un film. Pierre continua, en disant :
Voici
les dernières volontés d’Hélène :
"Quand
tu liras cette lettre, petit Pierre sera tout seul, ma maladie
aura été la plus forte. Ton fils a grandit près de moi, mais
aussi, le souvenir de ton ombre. Je sais que tu vas l’ accepter
et que tu l’ aideras à devenir un homme ! Je demande pardon à
Catherine, je ne voudrais pas que pour elle, Petit Pierre devient
un “fardeau”, il sait dire :
“Maman”
et “je t’aime !”
Pierre
laissa retomber la lettre sur ses genoux et regarda le visage de
sa femme, elle s'était approché du gamin et lui caressait les
cheveux en lui tenant la main.
Pour
tout commentaire, elle dit :
« Ton
papa vient de m’offrir mon plus beau cadeau d'anniversaire et de
Noël, si tu m’ acceptes, moi, je suis prête à devenir ta seconde
maman!”
La
réponse fut scellée par de gros baisers et autour de la table
avec trois couverts retentissaient des éclats de rire et une voix
d’ enfant qui disait : “Merci maman, merci papa!”
Maud |