ADIEU TRISTESSE, BONJOUR
L’ESPOIR.
***
Quand
Christelle vit le jour à travers ses volets,
elle aurait donné beaucoup pour revenir à l’arrière enfin d’éviter
la discussion qui l’a séparé de Mikaël, pour toujours.
En
effet, après six mois d’une idylle romantique, il était venu lui
annoncer son départ définitif pour vivre avec Julie.
Pour oublier ce cauchemar, elle tourna le bouton de son
transistor
et la chanson qui passait à l’antenne était l’histoire d’une
séparation !
Tout le programme de la matinée fut basé sur la mélancolie.
A midi, l’animateur dit “au revoir” avec de la tristesse dans
la voix.
Christelle comprenant qu’elle allait perdre ce lien amical du
matin, composa le numéro de la station.
Après les présentations, la jeune fille dit :
“
Michel, je vous écoute tous les matins, mais jamais votre programme
n’a été aussi mélancolique.
Croyez bien que je ne m’en plains pas, car si j’avais été à
votre place aujourd’hui, j’aurai choisi les mêmes chansons”.
Michel
l’avait écouté sans l’interrompre et avec une voix très
douce, il lui répondit :
“
Merci de m’avoir écouté, chère auditrice, mais ce matin ma
tristesse s’est reportée sur mon programme.
Je vais vous dire mon secret : Hier mon amie m’a quitté
et cette rupture me
parait insurmontable.”
Pendant
que son interlocuteur marquait un temps d’arrêt, Christelle en
profita pour lui dire :
“
Comme le destin est cruel, hier, il m’est arrivé le même problème
et à mon réveil, je ne pensais pas refaire surface.
C’est votre émission nostalgique qui a permit que le temps s’écoule
jusqu’à maintenant.
Quand j’aurai raccroché vous serez la dernière personne à qui
j’aurai parlé...!”
A
ce moment, la voix hurla dans le combiné :
“
Christelle, je vous en supplie, ne me rendez pas plus malheureux.
Voulez-vous que l’on se rencontre devant une tasse de thé. Nous
pourrions partager nos soucis ?”
“Cher
Michel, vous ne pouvez pas savoir le bien que me procure cette
invitation.
J’aurai enfin le plaisir de mettre un visage sur cette voix qui
berce toutes mes matinées,
depuis votre arrivée sur les ondes.”
“Alors
d’accord, répondit-il, je vous attendrai à quinze heures au bar de
l’Esplanade.
Je serai facile à reconnaître, je porte toujours le badge de la
station.
A tout à l’heure, chère Christelle et bon moral d’ici-là !”
Tout
à coup, ce fut comme si une fée avait transformé l’humeur de
notre auditrice.
En attendant l’heure du rendez-vous, elle mit de l’ordre dans sa
chambre à la vitesse grand V.
Elle prit son repas sans trop faire attention à ce qu’elle
mangeait.
Ses yeux étaient fixés sur la pendule mieux que dans son assiette !
Elle changea cinq peut-être dix fois de vêtements et de coiffure.
Pour calmer son impatience, elle réécouta la cassette de l’émission
pour s’imprégner de la voix qui serait avec elle, bientôt.
Elle n’aurait jamais connu ce bonheur, si elle était restée
avec Mikaël.
Sa jalousie était bien trop forte pour qu’elle envisage de l’écouter
en sa présence;
encore moins d’entrevoir une rencontre !
Quand
Christelle quitta son studio, la ville baignait sous le beau soleil
de juin.
Elle marchait à la rencontre de cet homme qui lui avait redonné le
moral.
Soudain,
à la terrasse du café, elle aperçut un jeune homme qui portait à
la boutonnière un macaron rouge et or avec un R et un F, symbole de
la fréquence radio. Quand elle fut à sa
hauteur,
elle lui sourit et lui dit :
“
Je ne pense pas me tromper, vous êtes : Michel ?”
“Oui,
répondit la “voix”, vous êtes aussi belle que votre voix est
douce.”
Après
ce premier échange, ils engagèrent la conversation,
comme deux vieux amis qui se retrouvent après une longue séparation.
En regardant parler Michel, Christelle l’imaginait devant son
micro.
Ses gestes étaient délicats.
Chaque description était imagée et pleine de détails.
Au fond d’elle-même, elle pensait à la fin de cette
conversation et au... départ.
C’est après deux ou trois verres de sirop que Michel regarda
sa montre et dit :
“En
votre compagnie, le temps a passé très vite.
Seriez-vous d’accord de prolonger notre “tête à tête”
par un spectacle et une pizza ?
Il
lui avait dit ces mots avec tendresse, en lui tenant la main.
Christelle n’en croyait pas ses oreilles, elle accepta, en souriant.
C’est
sur le chemin qui les emmenaient au restaurant que Michel fit ce
tendre aveu :
“Désormais,
tu seras ma seule raison de vivre.
Je te promets que dans mon programme de radio,
il y aura une large place pour toi à travers les chansons qui seront
diffusées.
Toi seule, en comprendra les allusions.”
“Merci
Michel lui répondit-elle, tu me combles de bonheur et je ne sais pas
comment te remercier.”
Ne
dit rien, mon seul but, c’est de voir ton sourire aujourd’hui et
toujours”, lui dit son compagnon.
La
journée s’acheva plus optimiste qu’elle avait commencé pour nos
deux amis.
Ils renaissaient par cette rencontre dans l’espoir d’un bonheur définitif,
grâce à une station de radio. aux lettres d’or.
MAUD DUARIG.